Mais avec tout ça, qu’est-ce qu’on boit ? Quand on a plus de 18 ans, du cidre bien sûr : « C’est l’accord classique, le goût du fruit et légèrement caramélisé de la boisson apporte une dimension supplémentaire à la dégustation, tout comme son amertume tempère la sensation sucrée, explique Caroline Daeschler, sommelière et intervenante à l’antenne lyonnaise de l’Université du Vin. Et puis votre palais aime les bulles qui viennent chambouler la sensation pâteuse en bouche, et stimulent l’appétit ».
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On choisira de préférence un cidre artisanal, non pasteurisé, pour plus de complexité … et pour faire vivre les producteurs indépendants. Si on est classique mais pas téméraire, on peut bien sûr tenter le poiré (« cidre » de poire).
Dans le même esprit, une jolie bière artisanale peut faire l’affaire, et si l’on est un peu connaisseur ou bien conseillé, choisir sa bière en fonction de la garniture. Notez par ailleurs qu’il existe de nombreuses recettes de pâte à crêpe à la bière, qui aurait l’avantage d’aérer la crêpe et de renforcer le moelleux de la texture.
Faites sauter les crêpes … et les bouchons
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En résumé, les bulles et la crêpe, c’est une affaire qui mousse, pour la texture, mais parce qu’on fait aussi sauter … le bouchon.
« Champagne, crémant, Saint-Péray… tout fonctionne, reprend Caroline Daeschler. Notamment, s’ils sont bruts, avec les crêpes salées. Pour les crêpes sucrées, préférez des demi-secs. On peut aussi tenter ce qu’on appelle les méthodes ancestrales, qui sont des vins effervescents naturellement sucrés et très fruités et qui ont l’avantage d’être peu alcoolisés : Clairette de Die, Cerdon, Blanquette de Limoux. Etant installée dans le Bugey, j’avoue un faible pour le Cerdon. Avec ses notes de pomme croquante, de groseille, de framboise et de fraise, il coche toutes les cases et s’accordera avec grâce avec la plupart des confitures, y compris les agrumes, mais aussi le chocolat noir. Et en hiver, sa couleur rose a un effet bonne humeur garanti ».
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Et si on veut innover ? Réponse avec Baptiste Vassy, également enseignant à l’Université du Vin.
Mixologue et passionné d’histoire, il nous rappelle que le cidre, distillé, devient … calvados et que c’est une excellente base de cocktail. Le voici donc en terres très connues. « Non, le cidre ne se boit pas qu’avec des crêpes, et le calvados ne se déguste pas qu’en digestif ou en trou normand ! », sourit-il avec malice avant de livrer deux recettes et une anecdote : « La première mention écrite de la distillation du cidre en Normandie apparaît dans un manuscrit de 1553 : le journal de Gilles Picot, sire de Gouberville, gentilhomme du Cotentin (1522−1578). Il possède des vergers et élabore du cidre, s’intéresse aux qualités des différentes variétés de pommes… mais également à la distillation de cette boisson afin d’obtenir l’eau de vie qu’on appellera plus tard le calvados ».
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Les recettes de Baptiste :
Pour une crêpe sucrée, le Queen’s Knees
– 4,5cl de Calvados
– 1 grosse cuillère à café de miel
– (option) 2 traits d’Angostura Bitters
– 4,5cl de vin effervescent sec
Secouer dans un shaker (ou pot de confiture) les trois premiers ingrédients avec de la glace, filtrer dans un verre à pied et allonger avec le vin.
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Pour une crêpe salée ou une galette, l’Apple Brandy Sour
– 4,5cl de Calvados
– 2,25cl de jus de citron frais (1/2 petit citron)
– une cuillère à soupe de sirop de sucre (fait maison : 2 parts de sucre, 1 part d’eau)
– 1 blanc d’œuf
– (option) 3 traits d’Angostura Bitters
Secouer dans un shaker (ou pot de confiture) les ingrédients sans glace pendant 10 secondes pour monter le blanc en neige. Remplir le shaker de glace et filtre à nouveau 10 secondes pour refroidir le mélange. Filtrer dans un verre à whisky rempli de glaçons.
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L’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération