J'ai fait Suze

Journaliste gastronomique, je m’intéresse évidemment aux vins, et j’aime me rendre chez un caviste pour me faire conseiller une bonne quille, ou aller rencontrer les vignerons et goûter leurs vins directement dans leurs domaines. J’essaye de développer au mieux mon palais en goûtant tout un tas de choses, mais j’ai toujours manqué de mots pour parler du vin. De technique, aussi, pour décrypter un vin et aller plus loin que l’usuel « j’aime / j’aime pas », sans d’ailleurs comprendre pourquoi.

 

Alors, j’ai décidé de m’offrir une formation sérieuse pour être capable de parler vin sans passer pour une noob. Via mon compte CPF, j’ai donc cherché une formule qui puisse m’apporter ce bagage. Je suis tombée sur le diplôme « Évaluer et conseiller les vins » proposé par l’Université du Vin de Suze-la-Rousse. Une formation certifiante en 42 heures, répartie en deux sessions de trois jours, avec la belle surprise que ça se passe dans la magnifique enceinte du château de Montchat, à Lyon 3. Bingo.

Des rencontres, du soutien, une montée en confiance

 

« Bibliothèque organoleptique », « sensations trigéminales », « caudalies », « passerillage », « débourrement de la vigne », « saigner la cuve », « jus de goutte », « polyphénols », « arômes empyreumatiques », « anthocyanes », « vendange botrytisée », « méthode Charmat », « grappillon », « liqueur d’expédition », « stress hydrique », « ouiller le vin »…

 

Dès les premiers jours, c’est une avalanche de termes nouveaux et d’informations techniques qui m’enveloppent et me stimulent depuis les différents procédés de fermentation jusqu’aux principaux défauts et maladies microbiennes du vin, en passant par les étapes de dégustation ou l’influence des caractéristiques du sol, du climat, du cépage ou de la technique culturale sur la qualité d’un vin,… Les formateurs nous embarquent et nous font cheminer – exercice après exercice, dégustation après dégustation pour saisir toutes les subtilités des vins.

 

Des rencontres, du soutien, une montée en confiance

On ne va pas se mentir, c’était intense +++. On essaye d’appréhender un vocabulaire nouveau, on déguste jusqu’à douze vins par jour en essayant de choisir les meilleurs descripteurs pour dresser le profilage le plus juste possible du vin, on tente de retenir toutes les notions emmagasinées… Dans mon cas, lorsqu’on se lance dans cette formation avec certes beaucoup d’entrain mais seulement quelques connaissances basiques en poche, on prend vite peur. On se demande ce qu’on fiche là, que cette formation n’est pas faite pour des néophytes comme nous, et qu’on s’est clairement emballé avec cette histoire de certificat professionnel qu’on ne validera jamais.

Et puis les sessions se déroulent. On se lie d’amitié avec les camarades de formation aux profils et univers variés, de la douce mamie fraichement retraitée souhaitant organiser des dîners et ainsi faire profiter ses invités de ses nouvelles connaissances à l’agent immobilier féru de vins bio et nature préparant sa reconversion en passant par la technicienne chimiste d’un laboratoire d’analyse. On rentre chez soi la tête toujours aussi lourde d’infos mais on les digère plus facilement car on les comprend de mieux en mieux. Notamment grâce aux intervenants – dans mon cas, deux sommeliers aux profils et aux parcours très complémentaires, qui prennent le temps de répondre à toutes nos questions, quitte à ré-expliquer les choses dix fois jusqu’à ce que ce soit assimilé.

 

Progressivement, on prend confiance et plaisir à remplir les fiches de dégustation, à reconnaitre les marqueurs olfactifs et gustatifs de tel ou tel cépage, à réfléchir à un accord mets-vin. Pourtant, quand vient le jour de l’examen final, on stresse comme des bacheliers. Quelques semaines plus tard, on découvre notre beau diplôme dans le courrier avec fierté.

 

Ce que cette formation a changé

Depuis cette formation, je tends l’oreille différemment quand on me parle de vin. Je suis plus curieuse, plus précise, plus confiante dans mes mots. Et j’ai encore plus envie de partager les histoires de tous ces gens qui se trouvent derrière les quilles. Parce que le vin, comme la cuisine, ça se raconte.